Antoine surnommé "Tonio" aura trois soeurs "Marie Madeleine dite "Biche", "Simone dite "Mono", "Gabrielle dite "Didi" et un frère
"François".
Le grenier sera pour lui comme le parc un refuge et ainsi sera sa vie à Saint Maurice de Rémens où il ypassera une grande partie de son
enfance avec sa famille.
Avec ses soeurs et son frère, il aura pour passe-temps favoris "Peinture, Dessins, Musiques (Piano et Violon), Montage de pièces de Théâtre,
Rédaction d'un Petit Journal".
Sa mère lui transmettra ses valeurs d'honnêteté, respect d'autrui et son grand humanisme.
Il ne sera guère passionné par ses études en pensionnat
La nostalgie aidant, il retournera toujours à Saint Maurice de Rémens d'autant plus après la vente de ce château par sa mère en
1932.
Quelques dates importantes de son parcours
1904 Décès de son père
1909 Sa famille s'installe au Mans, région d'origine de son père.
En pensionnat au collège Sainte Croix, il ne s'y plaira guère mais en sera tout de même l'initiateur de la création d'un
journal
1912 Fasciné par l'aérodrome d'Ambérieu en Bugey, naîtra alors sa passion pour
l'aviation
1914 Il obtient le "Grand Prix de Narration" pour l'une de ses rédactions et
1915 Sa mère devenue infirmière, pour développer leur esprit de créativité, l'inscrit avec son frère et
ses soeurs chez les "Frères Marianistes" de la Villa Saint Jean de Fribourg.
1917 Obtention du baccalauréat.
Le décès de son frère François d'une péricardite suite à de douloureux rhumatismes articulaires sera pour lui le premier grand
chagrin de sa vie et lui fera prendre à 17 ans d'importantes responsabilités en devenant un homme, un être responsable chef de famille.
1918 Il fait la connaissance de Louise de Vilmorin qui lui inspirera des poèmes
romantiques.
1919 Il échoue au concours de l'École Navale (Très bon dans les matières scientifiques mais trop
d'insuffisance en littéraire.
Il s'inscrit comme auditeur libre en section architecture à l'École Nationale des Beaux Arts, aidé par sa mère et hébergé chez sa cousine
Yvonne de Lestrange.
Il fera de la figuration avec son ami Henry de Ségogne dans "Quo Vadis" un opéra de Jean Noguès.
1921, il est affecté pour son service militaire en tant que mécanicien au 2e régiment
d’aviation de Strasbourg. Il prend des cours de pilotage à ses frais mais fin juillet, seul aux commandes de son avion-école, il se pose de justesse alors que l’appareil est en
flammes. Ce grave incident permet de révéler néanmoins son sang-froid et sa maîtrise. Néanmoins, Antoine de Saint-Exupéry laisse le souvenir d’un aviateur parfois distrait,
oubliant tantôt de rentrer son train d’atterrissage, tantôt de brancher ses instruments de bord, se perdant dans l’immensité du ciel Le surnom de « Pique la Lune » lui est ainsi
resté, non seulement en raison de son nez en trompette mais aussi d’une tendance certaine à se replier dans son monde intérieur.
1922 Dans le cadre de sa formation dans les EOR, il va à Avord en avril 1922 et y suit alors des cours
d’entraînement. Il quitte Avord pour la région parisienne le 10 octobre 1922 avec le grade de sous-lieutenant. Début août 1921, il est affecté au 37e régiment
d’aviation à Casablanca. C’est là qu’il obtient son brevet civil.
En janvier 1922, il est à Istres comme élève officier de réserve. Il est reçu pilote militaire et promu caporal. En octobre, sous-lieutenant
de réserve, il choisit son affectation au 34e régiment d’aviation, au Bourget.
1923 Au printemps il a son premier accident d’avion au Bourget : fracture du crâne.
Après ce grave accident, il est démobilisé. Pourtant, Saint Exupéry envisage toujours d’entrer dans l’armée de l’air, comme l’y encourage le général Barès. Mais la famille de
Louise de Vilmorin, sa fiancée, s’y oppose. Commence pour lui une longue période d’ennui : il se retrouve dans un bureau comme contrôleur de fabrication au Comptoir de Tuilerie,
une filiale de la Société générale d’Entreprise. En septembre, c’est la rupture des fiançailles avec Louise.
Le 11 octobre Gabrielle, la petite soeur d'Antoine, épouse Pierre d'Agay au château de Saint-Maurice. Désormais, sa soeur vivra à Agay, dans
le Midi. En charge d'une grande maison et mère de quatre enfants, elle a su garder la tradition d'accueil des siens.
1924 Saint-Exupéry travaille dans l’Allier et la Creuse comme représentant de l’Usine Saurer qui
fabrique des camions (il n’en vendra qu’un seul en une année et demie !). C’est une époque assez triste pour lui qui se console en volant aussi souvent que
possible.
1926 Il est engagé par Didier Daurat,
directeur de l’exploitation des lignes de la compagnie Latécoère (future Aéropostale) et rejoint l’aéroport de Toulouse-Montaudran, pour effectuer d’abord du transport de courrier
sur des vols entre Toulouse et Dakar (Sénégal) alors qu’il rédigeait son premier livre, L’Aviateur qu’il publie dans la revue d’Adrienne Monnier, Le Navire d’argent où
travaille son ami Jean Prévost. À Toulouse, il fait la connaissance de Jean Mermoz et Henry Guillaumet. Au bout de deux mois, il est chargé de
son premier convoyage de courrier sur Alicante, il entre dorénavant dans la légende de l’Aéropostale.
1927 Décès de sa soeur Marie Madeleine qui est atteinte de tuberculose.
Fin de cette même année, il est nommé chef d’escale à Cap Juby au Maroc avec pour mission d’améliorer les relations de la compagnie avec les
dissidents maures d’une part et avec les Espagnols d’autre part. Il va y découvrir la brûlante solitude du désert, après un atterrissage forcé il rencontre une communauté de
moines trappistes ; il relate cette expérience dans "Terre des hommes" :
1929 Il rejoint Mermoz et Guillaumet en Amérique du Sud pour contribuer au développement de l’Aéropostale jusqu’en Patagonie. En 1930, il utilise la bibliothèque de son
ami Paul Dony pour commettre divers sonnets inspirés d’autres poètes mais qui sont autant d’exercices de virtuosité poétique.
1931 Il se marie à Agay avec Consuelo Suncin Sandoval de Gómez (décédée en 1979), à la fois écrivaine et
artiste salvadorienne.
1932 Alors que la compagnie, minée par la politique, ne survit pas à son intégration dans Air France, il
subsiste difficilement, se consacrant à l’écriture et au journalisme. Saint-Exupéry demeure pilote d’essai et pilote de raid en même temps qu’il devient journaliste d’occasion
pour de grands reportages.
Reporter pour Paris-Soir, il voyage au Vietnam en 1934 et à Moscou en 1935. En décembre 1935, Saint-Ex tente un raid Paris-Saïgon
mais est obligé de poser en catastrophe son avion, un Caudron Simoun, dans le Désert Libyque, en Égypte. Sa mere vendra le chateau car il etait devenu trop grand et
surtout trop lourd. Il fut un temps un centre de colonies de vacances.
1936 Il part pour l’Espagne
Guerre de 1939-1945
1939 Il est brièvement réintégré à l'armée de l'air où il effectue de la reconnaissance
aérienne.
1940 Le 23 mai, il survole Arras alors que les panzers allemands envahissent la ville. Puis
il quitte la France pour New York avec pour objectif de faire entrer en guerre les Américains. Catalogué comme pétainiste par les uns, gaulliste par les autres, il a du mal à
faire entendre sa voix ; en fait tout au début, comme l’immense majorité de Français, il était plutôt favorable à Vichy, qui lui semblait représenter la continuité de l'État, et
était donc plutôt méfiant envers le général de Gaulle. De fait il a surtout essayé de réconcilier les factions opposées ; lors de son appel radiophonique du 29 novembre 1942
depuis New York, il lance : « Français, réconcilions-nous pour servir », mais il fut incompris, car il était trop tard et le temps était celui de l'affrontement général.
Cependant, selon des archives américaines récemment ouvertes il semblerait que les services secrets américains auraient envisagé l'hypothèse de le pousser en lieu et place du
général de Gaulle.
1942 Il séjourne au Canada chez la famille De Koninck dans le vieux Québec, mais il ne pense
qu'à s'engager dans l'action, considérant, comme ce fut le cas avec l'Aéropostale, que seuls ceux qui participent aux événements sont légitimes pour en témoigner. En avril 1943,
le commandant de Saint-Exupéry reprend du service actif dans l'aviation alliée en Tunisie. Il effectue quelques missions de reconnaissance, mais est victime de plusieurs
incidents, qui le font mettre « en réserve de commandement », étant donné son âge, son mauvais état de santé général, ses différents crashs précédents. Il séjourne alors en
Algérie, au Maroc, puis en Algérie de nouveau, où il obtient au printemps 1944 l'autorisation du commandant en chef des forces aériennes en Méditerranée, le général américain
Eaker, de rejoindre le prestigieux groupe 2/33 basé à Alghero, en Sardaigne. Il effectue plusieurs vols, émaillés de pannes et d'incidents.
SON OEUVRE : SES RÉCITS, CITATIONS, POÈMES, ROMANS,
CROQUIS
Citation après son baptème de l'air en 1912
Les ailes frémissaient sous le souffle du soir
Le moteur de son chant berçait l'âme endormie
Le soleil nous frôlait de sa couleur pâle.
L’homme n’existe que dans la mesure où il se réalise,
il n’est donc rien d’autre que l’ensemble de ses actes.
Citation St-Exupéry
Citation sur le "Château Saint Rémens"
«Il était quelque part, un parc chargé de sapins noirs et de tilleuls, et une vieille maison que j'aimais. Il suffisait qu'elle existât pour
remplir ma nuit de sa présence.»
Le principal jeu de Saint-Maurice est celui du chevalier Aklin :
«Il se jouait les jours de grands orages, quand, après les premiers éclairs, le nuage était près de crever. L'épaisseur des branchages se
change alors, pour un instant, en mousse bruissante et légère. C'était là le signal... Rien ne pouvait plus nous retenir ! Nous partions à l'extrême fond du parc en direction de
la maison, au large des pelouses, à perdre haleine. Les premières gouttes des averses d'orage sont lourdes et espacées. Le premier touché s'avouait vaincu. Puis le second. Puis le
troisième. Puis les autres. Le dernier survivant se révélait ainsi le protégé des dieux, l'invulnérable ! Il avait droit jusqu'au prochain orage, de s'appeler le Chevalier
Aklin.»
La guerre de 14-18 aussi l'inspire, il réalise des caricatures de soldats prussiens et de leurs casques en pointe, de l'empereur et du
Kronprinz. Il écrit aussi quelques poèmes :
Parfois confusément sous un rayon lunaire,
Un soldat se détache incliné sur l’eau claire ;
Il rêve à son amour, il rêve à ses vingt ans !
Printemps de guerre
Je me souviens de toi comme d’un foyer clair
Près de qui j’ai vécu des heures, sans rien dire
Pareil aux vieux chasseurs fatigués du grand air
Qui tisonnent tandis que leur chien blanc respire.
À mon amie Louise de Vilmorin
Cependant, durant cette période, son intense activité poétique lui inspire des poèmes plutôt mélancoliques, des sonnets et des suites de
quatrains (Veillée, 1921) mais montrant qu'il vit une période difficile car il se retrouve sans projet de vie et sans perspective d'avenir. Certains de ses poèmes sont
calligraphiés et enluminés de dessins à l'encre de Chine. Il offre deux de ses cahiers de poésie à son ami Jean Doat.
En 1925, son poème intitulé "La Lune" montre une inspiration farfelue.
Il est minuit…, je me promène
Et j’hésite scandalisé
Quel est ce pâle chimpanzé
Qui danse dans cette fontaine ?
La Lune, 1925
On peut aussi citer la suite poétique "L’Adieu"
Si elle n'est pas tout à fait autobiographique, son œuvre est largement inspirée de sa vie de pilote aéropostal, excepté pour Le Petit Prince
(1943) — sans doute son succès le plus populaire (il s'est vendu depuis à plus de 80 millions d'exemplaires dans le monde) — qui est plutôt un conte poétique et
philosophique.
Il en écrivit d'autres, toutes aussi connues. On pourrait citer Courrier Sud (1929), Vol de nuit (1931), Terre des hommes (1939), Pilote de
guerre (1942), Lettre à un otage (1944), Écrits de guerre (rassemblés en 1982), et Citadelle (posthume, 1948). Tous ses romans racontaient l'histoire de ses voyages en les rendant
fiction et en créant de la fantaisie.